Patrimoine religieux

Le nom de la paroisse rappelle la mémoire de Joseph-Nérée Gingras (1825-1893), curé de Saint-Gervais qui contribue activement à l’ouverture de la mission de Saint-Nérée et la dessert de 1881 à 1883. Le saint patron Nérée, et son frère Achille, qui ont été soldats romains, comptent parmi les premiers martyrs de la chrétienté. À Rome, une basilique leur est dédiée. Sous l’abbé Gingras, une chapelle-presbytère en bois est construite, le curé logeant à l’étage. Au village, un monument marque aujourd’hui l’emplacement de cette première chapelle-presbytère. À la fin de 1883, l’évêque nomme l’abbé Joseph Élie dit Breton prêtre résident de la future paroisse. Cette année-là marque aussi l’ouverture des registres.

Bientôt, cet homme vaillant, habile et courageux dirige lui-même la construction d’une première église en pierre des champs, ce qui donne au bâtiment un cachet tout à fait particulier. Le curé Élie dit Breton fait même construire un moulin à scie sur le site de l’église afin de faciliter la préparation du bois requis tant pour le lieu du culte que pour la construction des habitations des pionniers. Le curé mobilise à maintes occasions ses fidèles, notamment pour transporter la pierre et les billes de bois, mais c’est à François-Xavier Nolin de Saint-Lazare que sont confiés les travaux de maçonnerie alors que la menuiserie-charpenterie est mise sous la responsabilité de Marc et Eusèbe Morin, et tout cela, selon les plans de l’architecte de renom Georges-Émile Tanguay. Pour l’essentiel, l’église est terminée en 1885, et l’année suivante, elle fait l’objet d’une érection canonique. Elle est formée à même les territoires des paroisses de Saint-Raphaël, Saint-Gervais, Saint-Lazare et Armagh, malgré l’opposition farouche de certaines d’entre elles. La municipalité est constituée en 1887.

L’église suit un plan de forme rectangulaire, avec un chœur en saillie et une abside en hémicycle. Dans l’axe de l’église, mais hors plan, une chapelle et une sacristie sont construites, et leur revêtement extérieur en pierre des champs assure leur intégration au reste du bâtiment lui donnant une fort belle allure. La façade, aussi en pierre, est marquée par la tour du clocher en saillie. Les ouvertures sont toutes en arc en plein cintre, mis à part un œil de bœuf, et la couverture est en tôle pincée.

En 1894, la fabrique fait exécuter les travaux de finition à l’intérieur du temple. La nef comporte d’abord trois vaisseaux et une tribune arrière, mais deux tribunes latérales seront réalisées en 1917. La voûte en arc surbaissé est en bois et les murs sont recouverts de plâtre. La voûte et les plafonds au-dessus des tribunes comportent de nombreuses gloires. La décoration intérieure de l’église est empreinte de simplicité et est composée d’éléments appartenant à la seconde moitié du XXe siècle puisque son décor a été modifié à la suite d’un incendie en 1953. La fabrique conserve d’ailleurs, sous une cloche de verre, une statue de la Vierge qui aurait protégé l’église lors de cet évènement. Au-dessus du maître-autel, sur le mur du chœur, un Christ en croix de grande taille impressionne le fidèle. La lampe du sanctuaire, acquise à une période plus récente, mérite attention. L’autel latéral droit, consacré à Saint-Joseph, est surmonté d’une toile de la Sainte Famille et celui de gauche, dédié à la Vierge, est surmonté d’un tableau montrant la Sainte Vierge couronnée tenant sous ses pieds un dragon crachant le feu. Le maître-autel et les autels latéraux présentent une facture inhabituelle qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans la région. Le bois verni, le fer forgé, le cuivre façonné et de grands pans de tissus composent les retables aux lignes résolument contemporaines. À la sacristie, il faut remarquer un confessionnal en frêne fabriqué par un artisan local qui a sculpté avec talent les motifs de la porte centrale.

Le patrimoine religieux de la paroisse comporte aussi le presbytère de 1889 et la grotte à la Vierge située tout près. Le bâtiment est en bois avec un toit en mansarde, sur quatre côtés, doté de douze lucarnes à pignon. Une galerie couverte, avec un parapet en bois, parcourt le bâtiment sur trois côtés. Le cimetière actuel, ouvert en 1915 à la sortie nord-ouest du village, bénéficie d’une chapelle funéraire de fort belle allure. Il remplace un premier cimetière aménagé en 1883 et duquel on a transféré les restes des défunts.

Et finalement, le couvent en brique qui remplace le premier couvent détruit par le grand feu de 1953. Les Sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours de Saint-Damien ont enseigné à Saint-Nérée à compter de 1896 et ce, pendant plus de quatre-vingts ans. Après leur départ en 1978, le couvent devient l’école Saint-Joseph.

LAMONDE, Jean-Pierre, et autres. Patrimoine religieux de Bellechasse, Québec, Les Éditions GID, 2009, 323 p.

 

La large nef est baigné de lumière. La voûte du vaisseau central et les caissons des plafonds surplombant les tribunes sont ornés de nombreuses gloires.

Haut relief en plâtre polychrome représentant la dernière cène.

Le Christ en croix surplombant le maître-autel bénéficie d’un éclairage dramatique.

La chapelle funéraire est élégante avec son petit clocher à quatre pans cintrés et ses chambranles aux fenêtres. Le site présente également une belle diversité de monuments funéraires.

Sans oublier notre chemin de croix!